Le parc du château de la Guerche est un jardin paysager, à l’anglaise, planté par Raoul de Crouy en 1830. Il est l’écrin de verdure renfermant le château. Accessible au public, on apprécie l’ombre des arbres bicentenaires, et on se laisse surprendre au détour des sentiers par un plan d’eau, une perspective, un potager… Le parc du château de la Guerche a son histoire, et ses histoires à découvrir avant de s’y balader !
Les premiers éléments d’informations sur le parc datent du XVIIème siècle. En 1661 le père Martin Marteau décrit les jardins du château de la sorte : “Ce château est assez fort et situé dans un lieu rempli d’aménité, ayant un jardin délicieux dans lequel on voit une très belle allée et comme une petite forêt de cyprès d’une agréable hauteur, qui en tout temps par leur verdure recréent la vue et l’esprit de ceux qui s’y promènent.”
Plusieurs descriptions du XVIIIème nous révèlent l’existence d’une douve en eau (aujourd’hui comblée), qui coulait à l’aplomb de la cour, et d’un bel escalier à deux rampes :
“Dans le fossé qui est du côté des jardins, et qui est d’environ trente pieds de profondeur, passe un ruisseau d’eau vive dont on peut le remplir en vingt-quatre heures, Le pont levis qui est sur ce fossé, conduit à un bel escalier par lequel on descend dans les jardins qui bordent la rivière de Creuse, ces jardins étant en potager, arbres fruitiers, vignes et terres en labour avec un couvert de marronniers et d’ormeaux, au bout une maison pour le jardinier” (1735).
Du coté du château existait donc une profonde douve en eau, dans laquelle se reflétait l’aile des jardins. Les promeneurs venant de la cour du château passaient donc sous un portique, franchissaient la douve sur un pont-levis léger, et descendaient dans les jardins par un escalier à deux rampes.
La disposition des lieux et les nombreux dénivelés permettaient ainsi un jeu de terrasses (cour, jardins) et de plans d’eau (douve, Creuse), et assuraient une vision verticale sur les parterres des jardins, permettant de mieux les admirer depuis la cour du château.
Lorsqu’en 1735, Marc rené d’Argenson achète le château de la Guerche aux enchères, il l’utilise comme un relais de chasse. Il perce de larges allées dans le parc et dans le bois, pour faciliter la circulation des meutes. Pendant la période révolutionnaire, le château tombe partiellement en ruine : la galerie qui surplombait les jardins depuis la cour, est démolie (comme le dernier étage du château), et les gravats des démolitions comblent les douves et les fossés. A cette époque,les jardins sont donc dévastés par les campagnes de démolitions. En 1825, lorsque Victorine d’Argenson épouse Raoul de Crouy, ce dernier devenu propriétaire du château de la Guerche dessine et plante un parc à l’anglaise.
Quand Raoul de Crouy devient propriétaire du Château de la Guerche, par son mariage avec Victorine d’Argenson en 1825, le parc est en très mauvais état. Les gravats des déconstructions comblent fossés et douves. La galerie avec ses arcades, surplombant le jardin, et fermant la cour du château n’existe plus à cette époque. Raoul de Crouy décide donc de replanter un parc à partir de 1830.
Alors que traditionnellement, on accédait au châtelet d’entrée depuis la sortie du pont, directement sur la place du village, Raoul de Crouy déplace l’entrée au niveau de l’actuelle place de la mairie, de sorte à traverser le parc pour accéder au château. Le jardin à l’anglais privilégie la redécouverte de la nature sous son aspect sauvage et poétique. Souvent, ce type de jardin paysager est composé d’allées sinueuses qui serpentent dans une végétation luxuriante et d’apparence non domestiquée, donnant une impression de “fouillis” et d’enchevêtrements.
Le terrain accidenté de la Guerche (du fait du dénivelé entre le niveau de la Cour, celui du parc, et celui de la Creuse), comme les éléments architecturaux (ancienne tour de garde, bassin, douves…) expliquent donc aisément le choix de Raoul de Crouy de planter un jardin paysager à l’anglaise, en plein courant romantique.
Les jeux d’eau jouent par ailleurs un rôle important : le parc et le bois suivent la rive de la Creuse. En plus des douves du village, traversant le parc, Le fils de Raoul construit un puits artésien au milieu de la cour. Le trop-plein d’eau du puits s’écoule dans un bassin en contre-bas, par le biais d’une cascade en pierrier artificiel. Si le jardin anglais à l’air “naturel”, il est donc en réalité très travaillé!